C’est le récit du voyage initiatique d’une toute jeune fille créole, arrachée à son île, la Guadeloupe, et confrontée à une épreuve majeure, le premier conflit mondial, 14-18, : Adélaïde, attachée viscéralement à sa terre natale, forte d’une enfance protégée et heureuse, est le reflet de son milieu d’origine, celui des planteurs du début du XXème siècle aux Antilles, une caste de békés et « blancs-pays » à laquelle sa famille de sang mêlé – sa mère est issue d’une famille de grands mulâtres et son père est originaire de métropole- n’appartient pas tout à fait, mais dont elle partage les codes et les valeurs. La société des îles, à la veille des grands bouleversements qui découleront de la première guerre mondiale, est encore tournée vers le passé, patriarcale, voire matriarcale dans sa vision de l’ordre des choses… L’harmonie est en surface, mais la menace est là, indicible, cachée au plus profond de la beauté des paysages et de la force de la nature, symbolisée par les cyclones qui ravagent régulièrement l’arc des Antilles.  Adélaïde est un être intuitif, son âme est pure, naïve et entière. Saura-t-elle survivre à l’épreuve qui va la grandir inexorablement, tandis que son monde bascule, tel l’Atlantide ? Les jours corallins sont une plongée dans un univers qui n’existe plus et le récit finit par rejoindre la tradition des contes, propres à la littérature créole, peuplés de fantômes et d’âmes en peine, aux accents désuets mais combien envoutants …  Le carrousel des personnages, les lieux décrits, les couleurs et les parfums,  qui se dégagent du récit, hanteront le lecteur et lui ouvriront la porte d’un monde disparu mais bien vivace dans la mémoire des survivants.

L’auteur, grand voyageur et issu lui-même d’une vieille famille créole, a passé son enfance en Afrique et a vécu plusieurs années aux Antilles. Dans ce premier roman, il livre le témoignage nostalgique d’une aïeule et redonne vie à son univers disparu, celui qu’elle lui contait inlassablement pour exorciser tout le poids de l’exil, loin des îles.